jeudi 31 août 2017

Les illusions nationalistes


Il y a chez les gens d'extrême-droite ce sentiment que la République maçonne est coupable de tout, du déclin français, comme on dit ou de la subversion migratoire. Mais comment expliquer que les pays ouest-européens, tous, ont un taux de fertilité insuffisant pour envisager ne serait-ce que le renouvellement identique de la population de souche? A ce rythme, dans vingt ans, l'Allemagne aura 35 millions d'allemands et 50-60 millions d'immigrés, la France 25 millions de vieux français et 40-50 millions d'immigrés. Une seule conclusion s'impose: la question de la vitalité, du vitalisme interne, propre à chaque nation, chaque culture et propre à la civilisation ouest-européenne, celle qui a fait l'histoire depuis le XIe siècle. La roue tourne et ces peuples sont simplement épuisés; ils veulent naturellement et volontairement se démettre de leur passé grandiose, se soumettre à une nouvelle forme d'autorité extérieure, vivifiante, fascinante et brutale. Michel Onfray le comprend et ne propose rien d'autre que de laisser faire: il a raison, au fond. Accuser la seule république maçonne de tous les maux est stupide: celle-ci n'est que l'illustration d'une forme de défaite collective, de capitulation définitive devant l'histoire. La vitalité nous a quitté, en témoignent toutes ces questions stupides sur le genre qui n'agitent que les bourgeois blancs dégénérés: les musulmans remettront cela à plat. Le centre de l'histoire se déplace, s'est dejà déplacé vers l'extrême-Asie ou le Pacifique. L'Europe n'a pas toujours été au centre de l'histoire; à nouveau, par le biais de l'islam conquérant, elle va connaître un nouveau moyen-âge, une nouvelle glaciation. Quant à la république, régime faible par excellence, elle subit l'histoire plutôt qu'elle ne la fait; d'où l'accumulation grotesque de républiques, le remplacement du régime par lui-même.

De même qu'on accuse Simone Veil de la masse des avortements contemporains sans prendre en compte la longue tradition malthusienne des français depuis le XVIIIe siècle (1), on se trompe en mettant tout sur le dos d'un seul régime, par ailleurs implanté dans les coeurs.

La deuxième illusion nationaliste est en effet la soi-disant réversibilité des mentalités françaises. Oubliant la farce clownesque de la candidate patriote qui danse sur du Village people le soir de sa défaite, la farce d'une soixante-huitarde divorcée décomplexée pour qui l'avortement est de l'ordre des acquis sociaux, les nationalistes tablent maintenant sur la revanche. Ils oublient comme par enchantement (2), plus de quarante ans de lutte nationaliste menée sur un nom illustre, qui non seulement n'a rien donné mais a fini dans le grotesque et la trahison. Je croyais qu'être de droite, c'était retenir les leçons du passé! Les périodes de fièvre nationaliste (années 1890, 1930) n'ont jamais rien donné; seule l'invasion extérieure avait mis fin à la république honnie. Mais si Emmanuel Macron a gagné aujourd'hui, un autre Emmanuel Macron, excitant les ardeurs républicaines, cosmopolites de ses compatriotes déjà pour moitié remplacés mentalement et mahometanisés, ce candidat gadget n'aura pas de mal à l'emporter non plus. L'ancienne république unitaire et assimilatrice se métamorphose sous nos yeux, sans vergogne. Les mots usés des politiciens ne disent pas la nouvelle réalité. La république soixante-huitarde et cosmopolite est compatible avec l'oumma. L'islamo-gauchisme se pratique déjà. Le vieux fond babylonien, chaldéen de cette vieille secte dominatrice attend sa régéneration par la ferveur populaire musulmane. L'amalgame va se faire entre la maçonnerie usée et la vitalité religieuse musulmane; les premiers ont un cadeau tout trouvé: poursuivre leurs menées anti-chrétiennes derrière le paravent de l'islam émotionnel et populaire (3). Les seconds, tel Clovis et ses Francs, s'ils veulent parvenir à leurs fins de domination culturelle et politique, se serviront de la respectabilité maçonne sans quoi il n'est pas d'existence politique en France...

La République ainsi, éternelle fuite en avant historique, éternelle négation de l'identité française atteindrait tout le contraire de ce qu'elle a promu: un Etat théocratique unifié baignant dans une Internationale religieuse ouverte au capitalisme, terme du cosmopolitisme bourgeois. Un cycle se terminerait, celui du matérialisme athée.

Enfin, il est illusoire de considérer les français comme un tout, ce que fait Adrien Abauzit, par exemple (4). C'est une tradition là aussi à l'extrême-droite: on fantasme sur une unité supposée durable de la France, sur une nation rassemblée par essence, par métaphysique nationaliste. Mais comme le dit plus justement Rochedy, la France est un pays artificiel qui n'a trouvé d'élan national que lors des attaques extérieures, des invasions étrangères. Habituellement, la France est un pays de factions, de partis qui se déchirent, qui n'hésitent pas non plus à faire appel à l'étranger pour dénouer un conflit interne: tels les Eduens appelant César contre Arioviste, tel Charles le Mauvais roi de Navarre contre Jean II ou Jean sans peur qui, pour reconquérir Paris, laisse le roi d'Angleterre débarquer en Normandie (5). Aujourd'hui les gauchistes bobos prennent résolument le parti des immigrés, de l'Afrique contre l'Europe, de l'islam des éternels colonisés contre le christianisme déchu, de l'invasion migratoire contre l'homogénéité du vieux peuplement européen. Ce ne sont pas les premiers fanatiques de l'histoire, faite de haines. Ils affectent de mépriser la "haine", transformée en un concept vide, en en affublant leurs adversaires pour mieux cacher les ressorts de leur action.

(1) Malthusianisme allant de pair avec la déchristianisation, du reste.
(2) Julien Rochedy, par exemple.
(3) Les gauchistes idiots servent et serviront de faire-valoir aux musulmans, éternelles victimes de l'histoire européenne.
(4) A. Abauzit est toujours intéressant. Son dernier livre: "La France divisée contre elle-même".
(5) Henry V

Le 6 février 1934, place de la Concorde. La République a eu chaud mais ce sont finalement les Allemands qui en auront raison...