samedi 27 juin 2015

La perte étourdie de la France





Ce pays, mon pays, dérive lentement et inexorablement vers une sorte de chaos sanglant dans lequel, paraît-il, certains auraient intérêt. Le gouvernement d'incapables que nous avons fait partie du destin français: il ne changera pas, ou alors peut-être à la toute dernière extrémité sera t-il sorti par un groupe de miliciens, de "fascistes" révoltés. J'aimerais tellement un coup d'Etat moi-même, qui stopperait cette lente et inexorable dégradation française; seulement un coup d'Etat militaire est impossible sans une figure politique pour lequel les soldats justifient leur action. Mais personne ne remplirait ce rôle.

Il n'y a pas de Bonaparte en France actuelle, il n'y a pas de général illustre. Les événements sont là, comme en 1958 mais il n'y a pas "le plus illustre des Français" pour les dominer. Les "Français" préférés des Français sont fabriqués. "Disons qu'avec une autre justice, un autre gouvernement, d'autres intellectuels et surtout moins de diversité, on se sentirait plus serein", ai-je lu dans les commentaires à l'attaque islamiste perpétuée hier près de Lyon. La situation empire; nous arrivons au bout du régime qui ne peut de lui-même se sauver. Tous sont responsables de la situation actuelle: les Sarkozy, Hollande, Juppé, Cazeneuve, Valls... et pourtant on hésite à les croire entièrement responsables tellement leur inconscience est palpable, monstrueuse; on aimerait les voir balayés d'un coup d'un seul. On aimerait presque voir les islamistes monter utilement enfin à l'assaut d'un gouvernement aussi faible.

Mais s'ils sont faibles, c'est que nous sommes faibles; la situation ressemble exactement à une fin de république parlementaire: années 1938-40 ou 1954-58. Les Français ne voulaient pas la guerre; les Français ne voulaient pas garder l'Algérie. Les Français sont des autruches en matière de politique extérieure. Une organisation militarisée clairement islamiste nous attaque et nous défendons vaille que vaille un modèle débile de sous-intégration, nous sommes paralysés par des querelles sémantiques, nous instaurons l'anti-racisme aveugle comme loi... je ne suis pas ce "nous" et n'en fais pas partie mais je suis obligé de me considérer le prisonnier d'une opinion générale qui forme ce nous. Les Français sont complices de leur délicieux avachissement, de la subversion de leur vieille civilisation par une force jeune et fanatisée; celle-ci a le mérite de croire en ses idées, en son destin, pas nous. Face aux "Français", purs nominaux qui s'en vont faire le djihad et qu'on ne songe même pas à éliminer là-bas, il n'y a pas l'équivalent. Les jeunes Français avertis, confiants, énergiques sont aussi pessimistes par les pieds: ils partent lorsqu'ils le peuvent, décrocher un boulot dans le monde anglo-saxon, ce bourreau qui nous impose de toute force ses règles macro-économiques. Il n'y a pas de modèle français économique; il n'y a plus de modèle culturel français.

Ce pays que je n'ai pas envie de quitter n'est plus mon pays. A Béziers, 64% des enfants à peu près sont arabo-musulmans; nous le savons enfin grâce à Robert Ménard. Dans beaucoup de villes du Sud et même du Nord, c'est la même chose. Dans toute la France, 100% des bacheliers sont des demi-illettrés. La gangrène est là; la population de remplacement soutient par le sang non les actions terroristes mais leurs motifs; la population remplacée est fascinée à la fois par les derniers gadgets d'une société en décomposition et par la force brutale de ses assaillants. Notre société est une catin à violer et elle va se laisser prendre.

La mort et le sang s'invitent à un concours de bisounours étourdis par l'amour; la fameuse une du Figaro magazine d'octobre 1985: Serons-nous encore Français dans trente ans?

mercredi 10 juin 2015

Bref: le bobo parisien se croit drôle


Dans la Série: je suis un observateur cynique parisien et je pense que c'est drôle, la série: Bref. Je sais, je ne suis pas tellement à la page vu que cette série de squetches a déjà été diffusée sur Canal+ en 2011-2012. Mais je n'ai pas la télé! L'avantage d'internet, c'est qu'on décroche de la télé. Apparemment, la durée de l'émission n'était pas prévue, rapport au titre.

Bref, tout ça dérive du phénomène des (jeunes) types qui se croient bien drôles sur internet en mettant en scène leur vie passionnante. On a connu Norman et Cyprien, par exemple, que j'ai commentés. Avec Bref, on atteint quand même un summum en matière de sujets étriqués et de vitesse excessive de l'image. Moins les jeunes en question ont de choses à dire, plus ils le disent vite. Je précise que l'inventeur de cette série est un jeune homme d'origine iranienne né à Reims (Khojandi), ce qui ne l'empêche pas de passer pour un bobo parigot typique; la jeunesse est partout la même. Bruno Muschio, l'autre scénariste, est né à Aubervilliers en 1983. Versant positif: le nom de la série est français! Ca, c'est incroyable. Versant négatif: c'est très air du temps, c'est du cynisme décomposé, du faux humour absurde, trop rapide, pas drôle, bref, c'était fait pour la jeunesse et les bobos débiles de Canal+ qui ont apprécié, bien entendu. Le million de vues est généralement atteint sur Youtube avec des commentaires tous positifs sans faute (non, je rigole).

La vie étriquée de trentenaires qui en ont quinze de moins dans la tête: c'est à peu près l'essentiel. Canal+, la chaîne du jeunisme, a juste happé le phénomène. On s'y croit drôle depuis longtemps en attaquant non les valeurs en place, puisque les rigolos de la chaîne (Les Nuls, Groland, Robin des bois puis Bref)  les représentent, ces valeurs, des anti-valeurs en fait: lâcheté, dérision, narcissisme individuel, indifférence et mépris sociaux, issues lointainement de mai 68. Souvenons-nous que les soixante-huitards se sont tous reconvertis dans l'admiration du capitalisme armé et sauvage à l'américaine. Ainsi les rigolos de la chaîne ne font qu'attaquer facilement des valeurs qui ont déjà été détrônées comme le prétendu art contemporain s'imagine qu'il y a encore des choses sacrées et sérieuses à railler. Or, on ne rit pas quand l'attaque est trop facile...

Bref, j'ai pris le métro, par exemple. Bonjour l'aventure: on s'attend à une critique sociale serrée. Le personnage unique, à savoir un "trentenaire parisien anonyme chômeur et célibataire" (on se demande comment il survit à Paris) prend le métro et a des trucs à dire, bien qu'il reste coi et passif, comme dans la plupart des épisodes: "Sur ma ligne, y'a un mec, ça fait six mois qu'il s'est fait virer la semaine dernière" - "Ayant perdu mon emploi la semaine dernière... (le mec) " - Et comme tous les mendiants, il avait la même mélodie" - "Mes trois enfants sont morts (autre mendiant)... car je ne sais pas lire (encore un autre)... nanana-nanana (type puis fille)" - "Je me suis dit que ça ferait un super tube de l'été" - "Nanana-nanana... (sur musique techno)"... La pauvreté au bobo, ça lui fait penser à de la musique, qu'il écoute généralement d'ailleurs, dans un casque gros comme deux poings. On comprend bien ce qui a plu à "l'esprit Canal": zéro conscience sociale et mépris pour le pauvre qui, c'est vrai, s'est multiplié à Paris en même temps que les gros salaires indécents à la Denisot et Apathie. Or ces jeunes aiment la mondialisation, la compète, la flexibilité comme ils disent. Les cons sur Youtube reprennent en choeur: Nanana-nanana!

Ainsi va la vie des trentenaires actuels probablement: une vie concentrée sur des problèmes microscopiques, féminins, futiles. Enfin, les filles de mon époque n'étaient pas si féminisées, pas si narcissiques. Le narcissisme est aussi présent que l'homosexualité dans ces petits épisodes; c'est normal: il y a une correspondance parfaite entre les deux. L'époque est hyper-narcissique donc aime les homosexuels. La vie extraordinaire du trentenaire qui baille dans le métro et se fait agresser en restant de marbre se poursuit dans un autre épisode: Bref, j'ai envoyé un texto. On voit la portée du truc. Tout sort de son cerveau spontané adolescent génial... et y retourne. Quelle créativité! Pendant deux minutes (heureusement, c'est bref), le type essaie d'écrire un texto à une fille et décortique absolument toutes les idées qui pourraient lui passer par la tête pendant ce bref moment; c'est vite fatigant. Fin de l'histoire: en fait, c'est une gouine, une délurée qui accepte tout de même son rendez-vous. Ah, ah, super drôle. Tout le monde à poil: esprit Edika, Canal+, Libération. Les cons adorent car ils font la même chose tous les jours, avec leur petits émoticones et leur vie passée à ces conneries.

Bref, on ne peut pas faire plus microscopique comme centre d'intérêt: c'est pourtant raccord à l'air du temps. C'est créatif, c'est festif, c'est kikou, c'est de la merde: Je, je, je, moi, moi, moi pendant 80 mini-épisodes. Comme disent les jeunes, j'ai perdu dix minutes de ma vie.

mardi 2 juin 2015

Un sacré coquin (4)



Le coquin, c'est Philippot, bien entendu. Je ne le connais pas bien mais celui-ci pourra dire merci au Vieux: l'hommage paradoxal rendu par Le Pen père à Philippot est sensationnel. Si j'étais complotiste façon Soral, je dirais qu'au Fn, on a tout organisé pour s'engueuler devant les médias, mettre le vieux sur la touche et rénover le parti. "Ce qui est fondamental, c'est que Mr Philippot, qui est un socialiste, un chevènementiste d'origine, socialiste national, peut-on dire, souhaite donner un autre contenu au Fn; il souhaite aussi je crois, en changer le nom et finalement, il souhaite aussi en devenir le chef, je crois..." Il y a de l'hommage dans l'air! En fait, la pièce est jouée: Le Pen père, un peu sénile et voyant, ne fait qu'applaudir négativement ce qu'il a compris tardivement. Son parti n'est plus son parti. Philippot a réussi là où Mégret avait échoué.

La vérité, c'est que Philippot a retourné le parti, pas Marine Le Pen. Le Vieux n'est plus soutenu au sein du Fn; sa petite association va lui valoir la visite amicale d'anciens combattants, rien de mieux. Le Fn attire les jeunes, les cadres, les ouvriers, les employés, les agriculteurs, les profs: on n'arrête pas une force pareille. On ne revient pas en arrière. Le Pen père fait mine de découvrir la Lune en parlant de changement du contenu politique, changement qu'il a lui-même apporté et soutenu depuis l'élection présidentielle de 2007! Le Fn s'est gauchisé, étatisé en substance, répétait-il encore il y a peu car le communisme d'Etat est mort; le Fn était encore libéral au temps où le communisme représentait une menace dans le monde. La nouvelle menace, c'est le mondialisme financier anti-Etat: le Fn doit donc restaurer l'Etat. Le néo-gaulliste Philippot est arrivé à point pour diffuser ce discours que j'ai parfaitement entendu plusieurs fois de la bouche de JM. Le Pen.

"On veut me faire taire" - "Ce qu'on a à cacher, c'est en fait un transfert de contenu politique; on veut remplacer le Fn de JM. Le Pen par une nouvelle formation qui serait en fait dirigée par Mr Philippot..." Quel hommage encore une fois! Ces propos, comme d'autres, ont été tenus face à Michel Field, sur LCI, le 27 mai, dernière vidéo en date de son blogue. Je sais bien qu'il n'y a pas de complot: Le Pen est trop affecté et incohérent pour avoir machiné, avec d'autres, cette transformation du parti, qui n'est ni nouvelle, ni subite. Après avoir violemment attaqué sa fille, rapidement, le vieux a cru bon de faire accréditer par la dénonciation ce que les médias, ce que le public savaient, en partie. Le flair politique est lié, chez lui, aux affections sincères et brutales; mais son flair ici, déphasé, ne lui sert qu'à clamer sa souffrance, sa déchéance. Le Pen, au vrai, n'a jamais été un tueur politique. Il parle dans le vide.

"C'est un peu une forme étatique, nouvelle, moderne, très contraire à, me semble t-il, l'aspiration générale de la société française, qui vise au contraire à se libérer des contraintes, à se libérer des masses de règlements qui ont été accumulés et de la direction de l'économie par l'Etat", ose t-il commenter sur ce plateau de LCI alors que le discours de Valmy, dû à A. Soral en partie, et prononcé par le candidat du Fn à la présidentielle en septembre 2006 disait, notamment: "pour que continue l'histoire d'une France forgée à la grandeur des Vercingétorix, des St-Louis, des De Gaulle... ou bien qu'elle disparaisse, dépecée, annihilée, engloutie dans le magma euro-atlantiste, vouée à l'Organisation mondiale du Commerce et soumise à l'euthanasie de l'Otan." - "Pour Royal, c'est simple, des idées, il n'y en a pas!... Madame Royal, qui, ne l'oublions pas, s'est faite récemment madone des magazines people et des bobos pour mieux nous cacher qu'elle fait partie de cette vieille gauche - dite aujourd'hui "blairiste" - mais qui, chez nous, en France, avait déjà trahi, dès 1983, toutes ses promesses... vous aurez la même vision, la même politique atlantiste et mondialiste..." C'est du pré-Philippot, du Soral dans le style et les idées et du vrai Le Pen prononcé. Bonne nouvelle: avec l'âge, Le Pen rajeunit!

Le terne Philippot cache l'Ambition.