lundi 5 septembre 2016

La "République" et son idéal négateur




La France est une collection de peuples géographiquement et spirituellement proches: auvergnats, bourguignons, languedociens, provençaux, flamands, alsaciens, bretons, corses... La Monarchie anciennement fit l'essentiel du travail de fédération auquel elle avait adjoint un immense empire maritime réduit à quelques confettis néanmoins fermement arrimés à la France (Martiniquais, Guadeloupéens, Réunionnais).

Le principe monarchique quoique disparu, subsiste dans l'élection du Président au suffrage universel, sorte d'onction démocratique. La Révolution a lancé un nouveau régime, avec un nouveau principe: la liberté. Au nom de la liberté, on eût des guerres nombreuses, des bouleversements, des vies sacrifiées par milliers. Cet idéal, la liberté a d'abord produit, charrié, l'exact contraire de sa prétention: de quoi se demander s'il en valait la peine. Les Vendéens se souviennent qu'on leur a dénié pendant longtemps la liberté religieuse: aux yeux des fanatiques révolutionnaires, ils furent simplement des rebelles, des brigands. La Révolution cachait sous des principes des mots d'ordre de haine abstraite et de destruction, destruction qui a fini par se retourner contre ses auteurs, du reste.

Bon an, mal an, la liberté est restée le principe de la "République", enfin installée en 1870, plutôt en 1879. La liberté contre le principe monarchique qui a produit le régime d'assemblée dont on a expérimenté toute la nocivité et la liberté contre la tradition qui a fini par déraciner la France d'un point de vue spirituel, par l'enlaidir, la polluer sur le plan industriel et technique. Tous les gouvernements de gauche politiquement ont favorisé le modernisme, les transformations industrielles et techniques. Les écolos de gauche qui ne sont que des pantins n'ont probablement jamais réfléchi à ça. Se raccrochant à un sentiment réactionnaire, la Nature mais pas très intelligents, ils n'en sont pas au point de se demander si les sociétés et les peuples, partie de la Nature, ne nécessiteraient pas eux aussi la protection, la bienveillance des hommes. Or, qui défend les animaux dans leur milieu et leur intégrité défend les hommes dans leurs traditions, leur art de vivre.

Aujourd'hui, la "liberté" à gauche consiste a favoriser le retour du religieux: de quoi encore se demander si tous ces bouleversements depuis 1789 ont servi à quelque chose. Le principe monarchique en comparaison, c'est dix siècles depuis les Capétiens, dix siècles avec une seule idée-force: agrandir le domaine et la puissance royale. Manuel Valls, clone républicain en chef (1) s'imaginant que son principal adversaire est N. Sarkozy, rappelle à point nommé que c'est l'essence de la gauche paumée d'être déracinée et de déraciner par l'abstraction: "Les racines, les origines, l'identité de la France, ce sont aussi et peut-être d'abord les Lumières, l'humanisme." On voit que ce n'est pas la rigueur intellectuelle qui l'étouffe: comment une idéologie essentiellement anti-traditionnelle pourrait-elle constituer des racines? Les Lumières seraient donc d'autoriser le mariage entre homosexuels: on entend Barrère, Robespierre ou Brissot se bidonner. Je ne suis pas en train de devenir monarchiste mais face à la déroute des idées, des intentions et des résultats dans le camp progressiste aujourd'hui qui se réclame sans arrêt de la "République" et de ses valeurs creuses et changeantes, je ressens le vide sidéral de mon époque.

Mais de la même manière que les révolutionnaires se dévoraient entre eux à qui serait le plus négateur, le plus novateur, le plus extrémiste, l'idéal républicain a toujours constitué en une surenchère dans l'abstraction et le déracinement: telle est son unité purement négative au-delà de contradictions temporelles incompréhensibles. La société des droits individuels finit en société des communautés opposées, soit l'exact contraire de l'idéal révolutionnaire unitaire.

Le "vivre-ensemble" a remplacé la liberté: notion creuse, naïve, négative, hypocrite, consistant à cacher une situation hors-contrôle, la situation d'un pays dépourvu de souveraineté dans ses actes (2), notion qui cache mal également la traîtrise des élites politiques vis-à-vis du peuple. En 1789, le peuple devenait souverain, "la patrie ou la mort" disait-on; en 2005, son vote référendaire était bafoué par le Président lui-même, qui ne se retirait pas, par le suivant qui trahissait ce vote. Le suivant encore nie totalement qu'il puisse y avoir un peuple sous le vocable de république; c'est pour lui un assemblage hétéroclite dominé par la technique politique. La gauche dominant les mentalités a imposé la rupture d'homogénéité du peuple français par la rupture du pacte de fédération civique qu'elle avait elle-même... entrepris. Quel sens a tout cela?


(1) Le 29 août à Colomiers, Haute-Garonne.
(2) "De même que le redoublement systématique du sujet si cher à notre Président de la république, vous savez: la France, elle estime que, le gouvernement, il fera en sorte que... montre bien l'impuissance du dit sujet à rien entreprendre par lui-même..." Renaud Camus

Les massacres de Machecoul, par François Flameng (XIXe s.)

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