vendredi 8 avril 2016

L'islamisation à brève échéance


Le Fn devrait être beaucoup plus radical dans la campagne qui vient concernant l'islamisation et même l'islam. Il ne doit pas se disperser dans des problèmes secondaires et ridicules alors même que la civilisation française est en jeu: la question culturelle est aujourd'hui centrale, cruciale. Ce ne sont pas seulement les mosquées salafistes qu'il faut fermer mais c'est toute mosquée dont il faudrait geler la construction jusqu'à nouvel ordre. Il faudrait empêcher maintenant la propagation de l'islam dans les petites villes, la propagation de ses revendications, de ses bâtiments qui va de pair avec l'afflux constant de nouvelles populations; donc arrêter aussi, évidemment, l'immigration musulmane, ne pas hésiter à préférer d'ailleurs des chrétiens aux musulmans dans une immigration choisie, dans une immigration au service de la France et non pas au service des étrangers nantis au préalable de leurs "droits de l'homme".

Au rythme actuel, d'ici à quelques années seulement, il ne sera plus possible de faire machine arrière et la population française sera bel et bien conquise par de nouveaux envahisseurs, plus forts, fanatiques et déterminés. L'histoire de ce territoire européen central en est pleine de ces invasions. Seulement, elles avaient fini par se tarir au Xe siècle (les Vikings) pour laisser justement la place à la magnifique civilisation française, développée à partir de ce petit bout, Francia occidentalis de l'empire carolingien.

Dix siècles de stabilité humaine et culturelle avaient suivi contredisant les promoteurs de l'immigration à tout prix qui ne veulent voir dans la France qu'un brassage permanent de populations et un pays naturellement déterminé à se laisser envahir (pour son bien); tout au contraire, la France n'a dû sa prospérité immense et durable qu'à la stabilisation de sa population, qu'à l'acharnement qu'avaient mis au cours des siècles les divers souverains à trouver, tracer et protéger les limites de ce petit royaume. La civilisation française s'est épanouie parce qu'elle était stable avant tout, parce que sa population ne bougeait pas, ne voyageait pas, parce qu'il n'y avait plus d'envahisseurs.

Cette stabilité n'est plus. Envahie trois fois par les Allemands unis, défaite, humiliée, sortie de l'histoire d'un coup peut-être en 1940, la France est depuis entrée dans un nouveau cycle d'invasions et d'instabilité. Après les Allemands, ce furent les Américains: l'invasion fut plus forte et plus durable, culturellement s'entend. Depuis les années 1970, croyant entrer dans l'ère moderne de la libération des moeurs, la France se trouve à la fois privée d'une natalité propre et envahie peu à peu, de manière légale par des populations étrangères, musulmanes en majorité: c'est l'invasion finale, le coup de grâce, celle qui devrait remplacer les chefs, non pas que ceux-ci d'ailleurs soient tellement français... ce cycle doit trouver une fin logique: ce sera soit la réaction violente de la population autochtone, se débarrassant autant des chefs dégénérés qu'elle a que des étrangers entrant facilement et formant des ghettos ethniques, soit la subversion musulmane, à coup d'attentats incessants, de prise de risque accrue de la part des nouveaux chefs, de revendications agressives jouant sans cesse des faiblesses de l'hôte.

vendredi 5 février 2016

L'Etrange Monsieur Dring (6)


Après diverses péripéties lui ayant au total coûté trois jours et un retour forcé à l'hôpital, en réanimation, Monsieur Dring se trouva enfin à bord d'un appareil à destination de Paris. Encore convalescent, Monsieur Dring, sur les instances de son Directeur, Ari Katahané, était accompagné, bien forcé, par une infirmière du doux nom de Betty.

-Je vous accorde une semaine pour vous reposer, avait dit le Directeur.

Monsieur Dring n'avait pas dit grand chose le long du trajet en taxi jusqu'à l'aéroport, ni même jusqu'à l'embarquement. Il se contentait de répondre brièvement, un peu dégoûté, à son infirmière. Ils prirent place à l'avant de l'appareil, en classe affaires. Une fois installé, Monsieur Dring allongea ses jambes et ouvrit le vieux magazine qu'il avait réussi à dégoter chez un libraire de ses connaissances: La Haine, titrait alors le Nouvel Observateur. On y voyait en couverture les trois photos noir & blanc côte à côte d'Alain Soral, de Dieudonné et d'Eric Zemmour.
-Cet Alain Soral m'a l'air sympathique laissa t-il siffler. Dieudonné, je ne connais... il se rendit compte alors que Betty l'écoutait et redevint silencieux.

Une hôtesse de l'air un peu farfelue passait dans le couloir et demanda au couple s'il désirait quelque chose. Puis voyant la couverture du magazine rabaissée:
-Oh, je connais bien Erique Zémour!
-C'est vrai Mademoiselle?! C'est bien vrai? Il se redressa presque totalement, à tel point que Betty le saisit.
-Oh oui, très drôle, très fin, les Français sont bêtes mais lui, très intelligent.
-Comment dire Mademoiselle: c'est ce que je pense depuis toujours. Je vais à Paris pour le rencontrer. Monsieur Dring s'était rassi et il manipulait de ses doigts moites le magazine.
-Ah, vous êtes chanceuse alors!
-Mais oui, c'est vrai. Comment le connaissez-vous?
-Je regarde les émissions de télé chez moi. O.N.P.C. avec Laurent Ruquier qui est un pédé. Alors intervint Betty: Nous ne prenons rien, Mademoiselle, merci.
-O.N.P.C., qu'est-ce que ça veut dire? Mademoiselle! Elle avait repris sa route avec son chariot.

-Mais enfin, pourquoi avez-vous mis fin à cette conversation? Monsieur Dring s'était dressé à nouveau, furibard, sans parler trop fort pourtant.
-Vous devez vous reposer et non vous monter la tête avec sornettes. Rasseyez-vous maintenant. Le ton sec et posé incita Monsieur Dring à la réserve, voyant bien qu'il avait peut-être eu affaire à une affabulatrice.

(à suivre)

mardi 19 janvier 2016

L'Etrange Monsieur Dring (5)



Après un jour de coma ponctué de soubresauts, Monsieur Dring s'éveilla dans la même chambre que d'habitude, une petite chambre à l'étage d'un immense hôpital, toute blanche. Les fenêtres étaient bloquées à cause de la pollution externe. Il se réveilla seul.

...Je dois parler à Monsieur Zemmour... Il se relevait péniblement mais son corps le retenait encore au lit. Malgré ses efforts, il ne put que se mettre sur le côté, allongé et appuyé sur son bras. Il était complètement vaseux et revint bientôt à la position couchée.

Quelques minutes plus tard, un infirmier entra dans la chambre avec le docteur.

-Monsieur Dring, comment ça va-t'y aujourd'hui? lui lança le docteur. Monsieur Dring ouvrit les yeux un peu effaré. Il ne répondit pas tout de suite.
-Bon, si vous n'avez pas de commentaire à faire, vous sortirez aujourd'hui. Il est temps de retourner servir votre pays, Monsieur Dring!

Au-delà de son état comateux, Monsieur Dring distinguait dans les propos de ce qui semblait être une personnalité locale une familiarité ironique dont il ne comprenait pas immédiatement la raison. Il se laissa palper et ausculter sans prononcer un mot. Puis distinguant nettement entre l'infirmier et le docteur qui échangeaient banalement quelques propos, il parla:
-Pourquoi suis-je à l'hôpital, docteur? Il s'adressait naturellement à la sommité.
-Parce que vous nous avez fait une de vos petites crises habituelles, pardi! Mais ça va beaucoup mieux maintenant. Vous ne sentez pas que ça va mieux?
-Je dois parler à Eric Zemmour.
-Connais pas. C'est un confrère? Le docteur, du menton, interrogea aussi brièvement l'infirmier.
-C'est un journaliste en France.
-A la bonne heure! Il n'est donc pas ici et comme vous prenez souvent l'avion, je suis sûr que vous aurez l'occasion de le rencontrer.
-C'est urgent. Dîtes moi si oui ou non, je peux voler aujourd'hui.
-...aujourd'hui, je ne sais pas. Je vous conseille de vous reposer un jour ou deux.
-Mon habilité à voler est primordiale.
-Sans aucun doute, répartit le docteur avec un demi-sourire qui voulait encore plus s'étendre. L'infirmier lui, cachait une certaine hilarité en fixant un mur puis un autre.
-Vous ne comprenez pas. Vous pensez peut-être de façon binaire, tout Japonais que vous êtes.
-Ca m'arrive de penser, vous ne trouvez pas Ha Liéné?
-Oui, patron, ça vous arrive, répondit l'infirmier, ne pouvant plus arrêter quelques mouvements d'épaules convulsifs.
-Vous vous cachez derrière une structure hospitalière, docteur. Je vous reconnais maintenant: vous êtes Mono Maniaké, celui qui fait des blagues. Je vais quitter immédiatement cette chambre et partir à l'aéroport.
-A votre aise, cher Monsieur. Nous ne vous retenons pas.
-C'est bien ce que je dis. Vous pensez de façon binaire. Nous, nous, nous! Vous n'arriverez jamais à rien avec des nous! Mes compétences en matière de vol vous étonneraient. Vous ne pensez pas par vous-même, au contraire d'Eric Zemmour qui vous vaut cent fois. Rien à faire ici. Saisi par un tremblement, Monsieur Dring découcha et arriva les pieds nus sur le sol carrelé. Il eut cependant du mal à se dresser.

-Vous voulez qu'on vous aide? demanda l'infirmier.
-Pas moi qui irait demander de l'aide. Restez caché derrière votre structure. Je suis un individu et mes compétences égalent les vôtres dans n'importe quel domaine. Je pense par moi-même depuis toujours. Adieu l'hôpital!

(à suivre)

mercredi 6 janvier 2016

L'Etrange Monsieur Dring (4)



Monsieur Dring étendu, tous ses muscles et sa rage se sont relâchés. Monsieur Dubois est sorti depuis peu. Le corps de Monsieur Dring, bien qu'inerte, continue de bouger par soubresauts. Passé la crise, Monsieur Dring rêve...

"...Kami, m'entends-tu? Kami!... " - "... Quoi, qui êtes-vous, qui est Kami?" - "Je suis le Grand Fétiche" - "Oh, Monsieur le Grand Fétiche, je suis votre esclave soumis et obéissant."
Monsieur Dring voit des yeux brillants le regarder dans le noir, entourés d'un halo vert. Il distingue aussi des bandes brunes, blanches et rouges mouvantes. Une voix douce mais sonore l'interpelle.

"Bien. Sache que Mlle Gervais a planqué mon image qui se trouve normalement sur ton bureau" - "Quoi? La salope. Je lui ferai payer au centuple." - "Du calme, Kami, tu as une mission bien plus grande" - "Qui est Kami? Pourquoi m'appelez-vous Kami?" - "C'est ton nouveau nom, ton nom de guerre électronique. Ca signifie Grand Mythomane en vieux hokkaidien. Tu vas aller combattre l'ennemi sur internet" - "Ouah, chouette, Grand Fétiche. Mais pourquoi, au juste?" - "Pourquoi? Parce que tu es un naze dans ton boulot si tu veux savoir. Tu fais des crises en permanence, on ne te refile que des demi-dossiers qui seront traités par d'autres" - "Ah bon? Je croyais que j'étais le meilleur, moi" - "Tu es loin du compte. Mais ça peut s'arranger. Connais-tu Eric Zemmour?" - "Non, Grand Fétiche" - "C'est un journaliste français qui combat le politiquement correct, le féminisme et l'Europe dans son pays. Désormais, ce sera ton journaliste préféré" - "D'accord mais je ne connais même pas la France" - "Ca n'a pas d'importance, concentre toi sur le débat d'idées, quitte à raconter n'importe quoi. Attaque sans arrêt: tes ennemis ou tes adversaires. Attaque-les en y mélangeant des détails de leur vie personnelle, dès que tu le peux" - "C'est que je ne suis pas terriblement une flèche sur le plan intellectuel" - "...! Ta lucidité m'épate parfois, mon garçon. Mais c'est précisément la raison pour laquelle tu dois t'attacher au nom d'Eric Zemmour. Suis-le et il va te fasciner, il va remplir justement le gros trou que tu as là. D'autre part, sur internet, tu mélangeras tout, le réel et le virtuel. Tu n'as qu'à te répandre et ta susceptibilité maladive fera le reste."

Le corps de Monsieur Dring, transporté dans une ambulance montrait toujours les signes d'une intense rêverie. Ari Katahané, le Directeur de la Mission posté sur le perron de l'immeuble, regardait la voiture d'un air lamentable. "Mon petit Westphalien..." aurait juré entendre Mlle Gervaise, qui se trouvait à son côté. Sous les draps blancs, Monsieur Dring avait l'impression que les gros yeux qui le regardaient le réchauffaient.
Le fétiche était désormais plus précis. Les yeux étaient cernés d'un gros trait blanc rond, la pupille étant un simple point gris. Les cernes émettaient un rayonnement. Le crâne était strié de différentes rayures sombres et vertes, enfin une grosse touffe jaune orangée en augmentait considérablement l'arrière, dégageant de petites oreilles pointues... bleues outremer. La bouche et le nez étaient encore méconnaissables.

- "Bon. Mais j'ai l'impression que ça n'est pas de tout repos, tout ça", continua Monsieur Dring - "En effet, tu ne dormiras plus la nuit. Ton obsession pour les détails insignifiants ira grandissante. D'un autre côté, tu ne peux plus continuer cette vie: faire des crises, bousiller des dossiers, faire peur aux investisseurs et mobiliser l'hôpital local" - "Est-ce que je peux vous poser une question, Grand Fétiche?" - "Oui" - "Pourquoi je suis dégoûté par les femmes, Grand Fétiche?" - "Je suis pas psychanalyste, moi" - "Je préférerais vivre tranquillement pour tout dire" - "Chuut, petit pion... Tu dois te déchaîner sur internet. Ainsi en ai-je décidé. Lorsque tu te réveilleras, tu seras un soldat zemmourien combattant la moderne Inquisition..."

-Qu'est-ce qu'on met, dit l'infirmier de service. Coma éthylique, comme d'habitude?
-Si coma suite à trop de connerie, ça existait, vous le mettriez mais ça n'existe pas. Cette saillie spirituelle provenait du chef de la radiologie, le docteur Mono Maniaké.

(à suivre)

lundi 4 janvier 2016

L'Etrange Monsieur Dring (3)



En sortant, Mlle Gervaise croise une poignée de collègues devant la bonbonne d'eau.

-Ca commence à chauffer dans le bureau de Raclure de fion! lance l'un d'eux.
-Bibendum se déchaîne?
-Encore un point en moins pour le commerce extérieur bientôt!
-Paranoïaque et Fini à la pisse. Résultat: un Fonctionnaire de plus.
-Ils ne pouvaient pas l'éliminer discrètement à l'Armée, bon Dieu?
-Il ne fichait rien là-bas, il restait dans les bureaux à piquer des crises.
-Le fléau du Pacifique, le descendant de Fletcher Christian, l'horrible monstre de Pitcairn...  Quand est-ce qu'on va se débarrasser de lui, nom d'un chien? reprend celui qui avait démarré la conversation, un nommé Jacques.
-La Petite Terreur est protégée, vous le savez bien.
-Eh oui, l'enfant joufflu gâté du Commerce extérieur est précieux.
-Ca fait cinq ans qu'on ne peut pas se débarrasser de lui, ajoute Mlle Gervaise.
-Pourquoi souriez-vous comme ça, Mlle Gervaise?
-Devinez.
-Vous... vous lui avez pris son fétiche? Oh non!
-Vous voulez vraiment le tuer, vous!
-C'est la bonne méthode.

Dans son bureau, Monsieur Dring s'est levé de son siège, pris de certaines convulsions difficiles à réprimer... "Vous devez m'excusez... je maîtrise cet entretien... cette femelle hybride me rend fou, enfin, je veux dire, c'est une abrutie qui ne voit pas son propre intérêt... ne sortez pas, ne faites pas comme elle"... Il tournoie vers les fenêtres, tentant de se plier en deux vers le sol.
-J'ai très envie de partir, au contraire! Vous n'êtes pas normal! lui répond le représentant.
-Oh! ouf, pff... Monsieur Dring avait visiblement commencé un exercice fatiguant consistant à étirer ses bras dodus vers le sol. Environ 20 cm les séparaient encore de la pointe de ses chaussures. Sa chemise blanche était sortie de son pantalon à l'arrière, révélant des poils en tous sens. Il se redressa un instant et regarda son hôte, prenant appui sur le rebord d'une fenêtre.
-Cette femme, que dis-je, cette immonde féministe ferait n'importe quoi pour me discréditer, Monsieur Dubois. Je suis, ouf, le meilleur représentant de la France à l'étranger. Si vous êtes, ouf, Français et fier de l'être, je peux vous garantir, pfou, que nous allons nous entendre. Sinon, je vous considère comme un raté. Je veux dire, ouf, que vous allez rater une occasion de mettre en avant vos propres intérêts. Je ne peux pas, ouf, supporter une chose pareille...
-Mais il est complètement taré... je n'ai jamais vu ça, persifle Monsieur Dubois qui hésite encore à partir.
-Veuillez m'excuser, il faut, ouf, que je termine mes exercices, Monsieur Dubois. Je suis à vous dans quelques minutes. Pffou... Monsieur Dring reprend alors sa position précédente et étire dans la douleur ses bras enveloppés des courtes manches de sa veste d'où sortent deux mains potelées légèrement tremblantes. L'effort est palpable sur sa physionomie.

Se redressant lentement, le souffle haletant, il arrache presque sa veste puis va chercher sous une armoire un extenseur à pieds, le montre vaguement à Monsieur Dubois qui s'apprête à sortir. Monsieur Dring se laisse tomber sur le sol, enlève ses chaussures, enfonce rageusement ses pieds dans les étriers et commence à tirer le tendeur à toute force, provoquant d'affreux grincements humains. "La France... je dois... grrnn..." entend-on à peine. Les dents serrées, Il n'a toujours pas enlevé ses lunettes rondes sur lesquelles dégoulinent de grosses gouttes de sueur. Lâchant le tendeur au bout de 30 secondes, il s'écroule à l'arrière avec un gros choc.

(à suivre)

dimanche 3 janvier 2016

L'Etrange Monsieur Dring (2)





A Tokyo, les locaux d'UbiFrance, grands, illuminés, ternes sont placés dans une rue sans charme. Ayant relâché le bouton de l'interphone, Monsieur Dring, expatrié détaché de l'Armée se demande déjà s'il va aller au bout. Il sait bien qu'il doit finaliser ce dossier et ça n'est pas une mince affaire.

-Ecoutez, j'ai l'intention de m'établir ici, lance son interlocuteur. Fatalement, j'apprendrai des rudiments de japonais.

Mais Monsieur Dring l'écoute à peine. Il écoute l'obscure opération en train de se dérouler en lui-même. "Il ne parle pas le japonais..." Il se balance à droite et à gauche, encore, dans son fauteuil cette fois. Ses yeux grossissent.

-Nous aimerions collaborer avec UbiFrance de la façon...
-C'est qui ce nous!? tranche alors l'employé devenu survolté. Sa face est blême, ses yeux gros et blancs fixent le représentant.
-Je ne vois pas... réagit celui-ci en s'armant de sa serviette.
-Ecoutez, vous êtes un individu et moi aussi alors s'il vous plaît, soyons rationnels et pas de discours collectif. Je déteste ça. Il s'est levé de son fauteuil, atteignant à peine 1m58.
-Je ne suis pas obligé de demander votre collaboration, vous savez? répartit Monsieur Dubois, plus ou moins incrédule.
-S'il vous plaît, ne commencez pas à changer d'avis parce que ça, c'est une chose qui m'est tout à fait insupportable. Vous avez demandé mon aide et je suis disposé à chercher tout le potentiel possible de votre personnalité. Ses deux mains reposent fermement sur le bureau, doigts écartés.
-Ca n'est pas ce que je suis venu chercher ici!... rétorque le représentant, visiblement troublé.

A ce moment, on frappe à la porte. Entre la secrétaire de la Division des Statistiques qui porte avec elle un dossier gris.

-Bonjour Monsieur Dring. Bonjour Monsieur. Monsieur Dubois, tétanisé, répond à peine.
-Je ne veux pas être dérangé! clame l'employé qui se rassied cependant.
-Je vous apporte toutes les statistiques concernant l'implantation de la société de Monsieur Dubois. Et le journal.
-Ca m'est égal, Gervaise! Vous m'ennuyez avec vos statistiques. C'est mon département ici! Il a pris un stylo à la main qu'il pointe dans sa direction.
-Les Statistiques montrent que vous n'arrivez jamais à conclure aucune implantation. Vous devriez utiliser les liens listés en fin de dossier. Voulez-vous un café, Monsieur Dubois?
Monsieur Dubois n'avait pas remarqué le raffinement discret de cette quadragénaire pleine d'allant et il s'attarda sur sa silhouette avec un sourire niais.
-Vos stupides liens sont une perte de temps! Retournez dans votre département de fanatiques! Laissez faire le professionnel. Je nie la religion du nombre, vous entendez! En tant qu'individu, je suis plus fort que vous tous réunis, vous entendez, ça!

Et tandis que Monsieur Dubois, redevenu de glace, laisse choir: "Il faut vraiment que je passe un coup de fil", Mlle Gervaise, après avoir déposé son dossier, faisait demi-tour, riant sous cape.

(à suivre)

samedi 2 janvier 2016

Feuilleton: l'Etrange Monsieur Dring (1)




Dans les locaux d'UbiFrance, à Tokyo, les jours se suivent et se ressemblent...

Monsieur Dring, simple employé, range méthodiquement sa jolie collection de bédés.
La porte est vivement ouverte par Monsieur Katahané, le Directeur de la mission.
-Dîtes-donc, Monsieur Dring, vous êtes prêt? Je vous ai préparé un client très facile, très complaisant: Monsieur Dubois, représentant en vins. Il n'y a rien de compliqué là-dedans et je ne veux pas de résistance de votre part cette fois ni de votre satanée mauvaise humeur!
-Oui, Monsieur le Directeur, comptez sur moi! répondit le petit employé d'un air soumis, mains dans le dos.
-C'est le dernier dossier de l'année alors ne le bousillez pas, sinon, je vous envoie aux Archives!
-Je fais ce que je peux patron mais ne m'envoyez pas aux Archives! Ce n'est pas de ma faute si les autres sont bourrés de défauts et ne sont pas rationnels, patron, ça me dégoûte tellement, si vous saviez! Le dos raidi, le petit employé se balance de droite à gauche nerveusement, les yeux grossis.
-Arrêtez avec ça aussi... A 10h30, vous me remettrez le dossier signé. Et il claque la porte.

Il est 10h15 quand par la porte entre Monsieur Dubois, représentant en vins. Monsieur Dring regarde par la fenêtre. La rue est animée mais dans le confort vitré du bureau, on n'entend que peu la circulation.

-Bonjour, ravi de vous rencontrer, lance Monsieur Dubois.
-Ravi? Pourquoi donc? se retourne rapidement l'employé.
-Pardon?
-Je veux dire: asseyez-vous... comment s'est passé votre voyage? Les deux hommes prennent place.
-Très long!
-Comme je le dis toujours, chaque seconde est unique, n'est-ce pas!...
-... oui, c'est possible. Hmm... Monsieur Dubois se racle la gorge et dénoue sa cravate.
-J'ai bien étudié votre dossier et il ne devrait pas y avoir de problème... mais je vois que vous ne parlez pas japonais?
-Non, c'est vrai. Est-ce un problème?
-D'habitude, nous accompagnons nos clients avec un traducteur, en fait une traductrice mais pour les prochaines semaines, aucune n'est présente. C'est dommage car elles ressemblent toutes à Clémentine Autain dit-il en se penchant en avant, l'air ravi.
-...? C'est qui?
-C'est... c'est rien. Juste une blague. Je vois que vous faites assez peu d'efforts pour vous intégrer et, pour être honnête... A ce moment sonne l'interphone de bureau.

-Allo, Dring, ça se passe bien? C'est Ari Katahané, le Directeur.
-Oui, Monsieur le Directeur, une petite difficulté seulement...
-Laquelle?
-Monsieur Dubois ne parle pas le japonais.
-Ca n'a aucune importance ça, et vous le savez. Poursuivez.

(à suivre)
Feuilleton commencé le 28 décembre 2015 sur le Blog consacré à Eric Zemmour.