mercredi 6 janvier 2016

L'Etrange Monsieur Dring (4)



Monsieur Dring étendu, tous ses muscles et sa rage se sont relâchés. Monsieur Dubois est sorti depuis peu. Le corps de Monsieur Dring, bien qu'inerte, continue de bouger par soubresauts. Passé la crise, Monsieur Dring rêve...

"...Kami, m'entends-tu? Kami!... " - "... Quoi, qui êtes-vous, qui est Kami?" - "Je suis le Grand Fétiche" - "Oh, Monsieur le Grand Fétiche, je suis votre esclave soumis et obéissant."
Monsieur Dring voit des yeux brillants le regarder dans le noir, entourés d'un halo vert. Il distingue aussi des bandes brunes, blanches et rouges mouvantes. Une voix douce mais sonore l'interpelle.

"Bien. Sache que Mlle Gervais a planqué mon image qui se trouve normalement sur ton bureau" - "Quoi? La salope. Je lui ferai payer au centuple." - "Du calme, Kami, tu as une mission bien plus grande" - "Qui est Kami? Pourquoi m'appelez-vous Kami?" - "C'est ton nouveau nom, ton nom de guerre électronique. Ca signifie Grand Mythomane en vieux hokkaidien. Tu vas aller combattre l'ennemi sur internet" - "Ouah, chouette, Grand Fétiche. Mais pourquoi, au juste?" - "Pourquoi? Parce que tu es un naze dans ton boulot si tu veux savoir. Tu fais des crises en permanence, on ne te refile que des demi-dossiers qui seront traités par d'autres" - "Ah bon? Je croyais que j'étais le meilleur, moi" - "Tu es loin du compte. Mais ça peut s'arranger. Connais-tu Eric Zemmour?" - "Non, Grand Fétiche" - "C'est un journaliste français qui combat le politiquement correct, le féminisme et l'Europe dans son pays. Désormais, ce sera ton journaliste préféré" - "D'accord mais je ne connais même pas la France" - "Ca n'a pas d'importance, concentre toi sur le débat d'idées, quitte à raconter n'importe quoi. Attaque sans arrêt: tes ennemis ou tes adversaires. Attaque-les en y mélangeant des détails de leur vie personnelle, dès que tu le peux" - "C'est que je ne suis pas terriblement une flèche sur le plan intellectuel" - "...! Ta lucidité m'épate parfois, mon garçon. Mais c'est précisément la raison pour laquelle tu dois t'attacher au nom d'Eric Zemmour. Suis-le et il va te fasciner, il va remplir justement le gros trou que tu as là. D'autre part, sur internet, tu mélangeras tout, le réel et le virtuel. Tu n'as qu'à te répandre et ta susceptibilité maladive fera le reste."

Le corps de Monsieur Dring, transporté dans une ambulance montrait toujours les signes d'une intense rêverie. Ari Katahané, le Directeur de la Mission posté sur le perron de l'immeuble, regardait la voiture d'un air lamentable. "Mon petit Westphalien..." aurait juré entendre Mlle Gervaise, qui se trouvait à son côté. Sous les draps blancs, Monsieur Dring avait l'impression que les gros yeux qui le regardaient le réchauffaient.
Le fétiche était désormais plus précis. Les yeux étaient cernés d'un gros trait blanc rond, la pupille étant un simple point gris. Les cernes émettaient un rayonnement. Le crâne était strié de différentes rayures sombres et vertes, enfin une grosse touffe jaune orangée en augmentait considérablement l'arrière, dégageant de petites oreilles pointues... bleues outremer. La bouche et le nez étaient encore méconnaissables.

- "Bon. Mais j'ai l'impression que ça n'est pas de tout repos, tout ça", continua Monsieur Dring - "En effet, tu ne dormiras plus la nuit. Ton obsession pour les détails insignifiants ira grandissante. D'un autre côté, tu ne peux plus continuer cette vie: faire des crises, bousiller des dossiers, faire peur aux investisseurs et mobiliser l'hôpital local" - "Est-ce que je peux vous poser une question, Grand Fétiche?" - "Oui" - "Pourquoi je suis dégoûté par les femmes, Grand Fétiche?" - "Je suis pas psychanalyste, moi" - "Je préférerais vivre tranquillement pour tout dire" - "Chuut, petit pion... Tu dois te déchaîner sur internet. Ainsi en ai-je décidé. Lorsque tu te réveilleras, tu seras un soldat zemmourien combattant la moderne Inquisition..."

-Qu'est-ce qu'on met, dit l'infirmier de service. Coma éthylique, comme d'habitude?
-Si coma suite à trop de connerie, ça existait, vous le mettriez mais ça n'existe pas. Cette saillie spirituelle provenait du chef de la radiologie, le docteur Mono Maniaké.

(à suivre)

lundi 4 janvier 2016

L'Etrange Monsieur Dring (3)



En sortant, Mlle Gervaise croise une poignée de collègues devant la bonbonne d'eau.

-Ca commence à chauffer dans le bureau de Raclure de fion! lance l'un d'eux.
-Bibendum se déchaîne?
-Encore un point en moins pour le commerce extérieur bientôt!
-Paranoïaque et Fini à la pisse. Résultat: un Fonctionnaire de plus.
-Ils ne pouvaient pas l'éliminer discrètement à l'Armée, bon Dieu?
-Il ne fichait rien là-bas, il restait dans les bureaux à piquer des crises.
-Le fléau du Pacifique, le descendant de Fletcher Christian, l'horrible monstre de Pitcairn...  Quand est-ce qu'on va se débarrasser de lui, nom d'un chien? reprend celui qui avait démarré la conversation, un nommé Jacques.
-La Petite Terreur est protégée, vous le savez bien.
-Eh oui, l'enfant joufflu gâté du Commerce extérieur est précieux.
-Ca fait cinq ans qu'on ne peut pas se débarrasser de lui, ajoute Mlle Gervaise.
-Pourquoi souriez-vous comme ça, Mlle Gervaise?
-Devinez.
-Vous... vous lui avez pris son fétiche? Oh non!
-Vous voulez vraiment le tuer, vous!
-C'est la bonne méthode.

Dans son bureau, Monsieur Dring s'est levé de son siège, pris de certaines convulsions difficiles à réprimer... "Vous devez m'excusez... je maîtrise cet entretien... cette femelle hybride me rend fou, enfin, je veux dire, c'est une abrutie qui ne voit pas son propre intérêt... ne sortez pas, ne faites pas comme elle"... Il tournoie vers les fenêtres, tentant de se plier en deux vers le sol.
-J'ai très envie de partir, au contraire! Vous n'êtes pas normal! lui répond le représentant.
-Oh! ouf, pff... Monsieur Dring avait visiblement commencé un exercice fatiguant consistant à étirer ses bras dodus vers le sol. Environ 20 cm les séparaient encore de la pointe de ses chaussures. Sa chemise blanche était sortie de son pantalon à l'arrière, révélant des poils en tous sens. Il se redressa un instant et regarda son hôte, prenant appui sur le rebord d'une fenêtre.
-Cette femme, que dis-je, cette immonde féministe ferait n'importe quoi pour me discréditer, Monsieur Dubois. Je suis, ouf, le meilleur représentant de la France à l'étranger. Si vous êtes, ouf, Français et fier de l'être, je peux vous garantir, pfou, que nous allons nous entendre. Sinon, je vous considère comme un raté. Je veux dire, ouf, que vous allez rater une occasion de mettre en avant vos propres intérêts. Je ne peux pas, ouf, supporter une chose pareille...
-Mais il est complètement taré... je n'ai jamais vu ça, persifle Monsieur Dubois qui hésite encore à partir.
-Veuillez m'excuser, il faut, ouf, que je termine mes exercices, Monsieur Dubois. Je suis à vous dans quelques minutes. Pffou... Monsieur Dring reprend alors sa position précédente et étire dans la douleur ses bras enveloppés des courtes manches de sa veste d'où sortent deux mains potelées légèrement tremblantes. L'effort est palpable sur sa physionomie.

Se redressant lentement, le souffle haletant, il arrache presque sa veste puis va chercher sous une armoire un extenseur à pieds, le montre vaguement à Monsieur Dubois qui s'apprête à sortir. Monsieur Dring se laisse tomber sur le sol, enlève ses chaussures, enfonce rageusement ses pieds dans les étriers et commence à tirer le tendeur à toute force, provoquant d'affreux grincements humains. "La France... je dois... grrnn..." entend-on à peine. Les dents serrées, Il n'a toujours pas enlevé ses lunettes rondes sur lesquelles dégoulinent de grosses gouttes de sueur. Lâchant le tendeur au bout de 30 secondes, il s'écroule à l'arrière avec un gros choc.

(à suivre)

dimanche 3 janvier 2016

L'Etrange Monsieur Dring (2)





A Tokyo, les locaux d'UbiFrance, grands, illuminés, ternes sont placés dans une rue sans charme. Ayant relâché le bouton de l'interphone, Monsieur Dring, expatrié détaché de l'Armée se demande déjà s'il va aller au bout. Il sait bien qu'il doit finaliser ce dossier et ça n'est pas une mince affaire.

-Ecoutez, j'ai l'intention de m'établir ici, lance son interlocuteur. Fatalement, j'apprendrai des rudiments de japonais.

Mais Monsieur Dring l'écoute à peine. Il écoute l'obscure opération en train de se dérouler en lui-même. "Il ne parle pas le japonais..." Il se balance à droite et à gauche, encore, dans son fauteuil cette fois. Ses yeux grossissent.

-Nous aimerions collaborer avec UbiFrance de la façon...
-C'est qui ce nous!? tranche alors l'employé devenu survolté. Sa face est blême, ses yeux gros et blancs fixent le représentant.
-Je ne vois pas... réagit celui-ci en s'armant de sa serviette.
-Ecoutez, vous êtes un individu et moi aussi alors s'il vous plaît, soyons rationnels et pas de discours collectif. Je déteste ça. Il s'est levé de son fauteuil, atteignant à peine 1m58.
-Je ne suis pas obligé de demander votre collaboration, vous savez? répartit Monsieur Dubois, plus ou moins incrédule.
-S'il vous plaît, ne commencez pas à changer d'avis parce que ça, c'est une chose qui m'est tout à fait insupportable. Vous avez demandé mon aide et je suis disposé à chercher tout le potentiel possible de votre personnalité. Ses deux mains reposent fermement sur le bureau, doigts écartés.
-Ca n'est pas ce que je suis venu chercher ici!... rétorque le représentant, visiblement troublé.

A ce moment, on frappe à la porte. Entre la secrétaire de la Division des Statistiques qui porte avec elle un dossier gris.

-Bonjour Monsieur Dring. Bonjour Monsieur. Monsieur Dubois, tétanisé, répond à peine.
-Je ne veux pas être dérangé! clame l'employé qui se rassied cependant.
-Je vous apporte toutes les statistiques concernant l'implantation de la société de Monsieur Dubois. Et le journal.
-Ca m'est égal, Gervaise! Vous m'ennuyez avec vos statistiques. C'est mon département ici! Il a pris un stylo à la main qu'il pointe dans sa direction.
-Les Statistiques montrent que vous n'arrivez jamais à conclure aucune implantation. Vous devriez utiliser les liens listés en fin de dossier. Voulez-vous un café, Monsieur Dubois?
Monsieur Dubois n'avait pas remarqué le raffinement discret de cette quadragénaire pleine d'allant et il s'attarda sur sa silhouette avec un sourire niais.
-Vos stupides liens sont une perte de temps! Retournez dans votre département de fanatiques! Laissez faire le professionnel. Je nie la religion du nombre, vous entendez! En tant qu'individu, je suis plus fort que vous tous réunis, vous entendez, ça!

Et tandis que Monsieur Dubois, redevenu de glace, laisse choir: "Il faut vraiment que je passe un coup de fil", Mlle Gervaise, après avoir déposé son dossier, faisait demi-tour, riant sous cape.

(à suivre)

samedi 2 janvier 2016

Feuilleton: l'Etrange Monsieur Dring (1)




Dans les locaux d'UbiFrance, à Tokyo, les jours se suivent et se ressemblent...

Monsieur Dring, simple employé, range méthodiquement sa jolie collection de bédés.
La porte est vivement ouverte par Monsieur Katahané, le Directeur de la mission.
-Dîtes-donc, Monsieur Dring, vous êtes prêt? Je vous ai préparé un client très facile, très complaisant: Monsieur Dubois, représentant en vins. Il n'y a rien de compliqué là-dedans et je ne veux pas de résistance de votre part cette fois ni de votre satanée mauvaise humeur!
-Oui, Monsieur le Directeur, comptez sur moi! répondit le petit employé d'un air soumis, mains dans le dos.
-C'est le dernier dossier de l'année alors ne le bousillez pas, sinon, je vous envoie aux Archives!
-Je fais ce que je peux patron mais ne m'envoyez pas aux Archives! Ce n'est pas de ma faute si les autres sont bourrés de défauts et ne sont pas rationnels, patron, ça me dégoûte tellement, si vous saviez! Le dos raidi, le petit employé se balance de droite à gauche nerveusement, les yeux grossis.
-Arrêtez avec ça aussi... A 10h30, vous me remettrez le dossier signé. Et il claque la porte.

Il est 10h15 quand par la porte entre Monsieur Dubois, représentant en vins. Monsieur Dring regarde par la fenêtre. La rue est animée mais dans le confort vitré du bureau, on n'entend que peu la circulation.

-Bonjour, ravi de vous rencontrer, lance Monsieur Dubois.
-Ravi? Pourquoi donc? se retourne rapidement l'employé.
-Pardon?
-Je veux dire: asseyez-vous... comment s'est passé votre voyage? Les deux hommes prennent place.
-Très long!
-Comme je le dis toujours, chaque seconde est unique, n'est-ce pas!...
-... oui, c'est possible. Hmm... Monsieur Dubois se racle la gorge et dénoue sa cravate.
-J'ai bien étudié votre dossier et il ne devrait pas y avoir de problème... mais je vois que vous ne parlez pas japonais?
-Non, c'est vrai. Est-ce un problème?
-D'habitude, nous accompagnons nos clients avec un traducteur, en fait une traductrice mais pour les prochaines semaines, aucune n'est présente. C'est dommage car elles ressemblent toutes à Clémentine Autain dit-il en se penchant en avant, l'air ravi.
-...? C'est qui?
-C'est... c'est rien. Juste une blague. Je vois que vous faites assez peu d'efforts pour vous intégrer et, pour être honnête... A ce moment sonne l'interphone de bureau.

-Allo, Dring, ça se passe bien? C'est Ari Katahané, le Directeur.
-Oui, Monsieur le Directeur, une petite difficulté seulement...
-Laquelle?
-Monsieur Dubois ne parle pas le japonais.
-Ca n'a aucune importance ça, et vous le savez. Poursuivez.

(à suivre)
Feuilleton commencé le 28 décembre 2015 sur le Blog consacré à Eric Zemmour.

mercredi 30 décembre 2015

Pour le Patriarcat: un vrai livre





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dimanche 22 novembre 2015

Les "Charlie" élisent les charlots



Les "Charlie" vont-ils soutenir encore longtemps les charlots? Les charlots, qui n'ont que le mot "République" à la bouche, comme si le régime politique était menacé en France et non les Français, se sont réunis lundi 16 novembre à Versailles: les responsables indirects et lointains mais bien responsables de tout ce foutoir.

L'inconscience dirige les hommes et encore mieux les hommes politiques! Peu d'entre eux sont vraiment lucides et capables. A l'encontre des imbéciles de Youtube qui voient des complots partout menés par les Juifs, nous avons le tableau sous les yeux d'une "République" qui ne pense qu'à elle-même, d'un personnel politique incapable de remettre en question les deux grandes affaires qui produisent immanquablement les actes de terrorisme intérieur: l'immigration forcenée de notre pays et une politique étrangère confuse. Pas besoin de complot dans ce foutoir généralisé, voulu par le troupeau aveugle et ses bergers pusillanimes! Mais c'était la même chose dans les années 1936-40 et dans les années 1956-58: au lieu de faire face à de véritables problèmes, au lieu de regarder les véritables menaces en face, les Français votent... à gauche (Front populaire, Front républicain) et partent en vacances à chaque fois.
Le cocktail menace extérieure plus gauche au pouvoir préfigure la fin du régime justement; la Cinquième république, redevenue la Quatrième par la magie de la dépossession européenne s'honore de son nouveau Guy Mollet, qui ne pense pas à agir mais à rester coûte que coûte. On apprend par Valeurs actuelles, selon le témoignage de l'ancien Directeur de la Sûreté, Bernard Squarcini, que Manuel Valls a refusé l'aide des services syriens, en 2013, qui lui tendaient la liste des djihadistes français partis en Syrie. Peut-on faire plus abjectement irresponsable?

La France, dépossédée de sa souveraineté, l'Assemblée n'étant plus utile, c'est le peuple qui en 2012, a joué le rôle purement négatif que jouaient autrefois les coalitions mouvantes de l'Assemblée. A ce compte-là, il n'y a plus de direction. Sarkozy ayant désacralisé la fonction présidentielle plus qu'un autre, n'accepte pas que les Français l'aient considéré comme un Président du Conseil éjectable. N'ayant rien à dire de nouveau, il n'est que vanité. Dans ces conditions, Hollande serait éjecté et Sarkozy, pourquoi pas, reviendrait: c'est ce qui se passait couramment en régime d'assemblée.

Nous n'avons pas de politique étrangère proche-orientale; nous avons décidé absurdement, de façon irréelle comme les Américains de considérer le Proche-Orient comme malléable, ce qu'il n'est pas (Sarkozy-Kouchner-Alliot-Marie-Juppé puis Hollande-Fabius). La vieille politique équilibrée entre Juifs et Arabes a été rompue en 2007 au profit d'un faux interventionnisme sous égide néo-conservatrice américaine. C'était la vraie rupture sarkozyste: cet imbécile n'ayant pas compris probablement le coup d'Etat néo-conservateur que constituait le 11 septembre. Son successeur n'est pas plus lucide.

Toute la classe politique est discréditée et malheureusement aussi le Fn, qui n'a jamais eu le pouvoir. C'est un peu facile d'accuser les politiciens sans arrêt: les Français ont voulu la gauche à l'esprit gestionnaire (Jospin), c'est-à-dire libéral, c'est-à-dire qui dégraisse l'Etat et se fie aux feuilles de routes européennes macro-économiques; nous en payons le prix aujourd'hui. Les gouvernements, sans courage, ont dégraissé là où il ne fallait pas dégraisser: Armée, Police, Renseignement et n'ont pas dégraissé là où il le fallait: Education nationale, Pôle-emploi, CAF. Mais ce sont bien les Français qui ont rejeté la chance historique que présentait la présence de Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002; la politique migratoire désastreuse que nous connaissons aurait été arrêtée. Allant jusqu'au bout de leurs illusions, ils ont pris Sarkozy pour Le Pen qui en était l'exact opposé (plus d'immigrés avec Sarkozy et encore moins d'Etat régalien) puis ont baissé les bras, après la relève de 2005, devant l'imminence de la catastrophe... Hollande est bien le summum de leur défaite morale.

Ces belles gueules d'assassins qui ont grandi parmi nous, à qui on a tout donné mais qui n'ont pas reçu l'empreinte de la culture française... mais celle-ci existe-t-elle encore?

Les moutons ne veulent pas penser mais vivre... avec leurs petites bougies, leurs petits mots stupides, leurs rassemblements confraternels (le dernier en date fut auto-dispersé par la panique place de la République), ils refusent mentalement la réalité.

dimanche 15 novembre 2015

Pas un n'était armé


Paris bobo ensanglanté... on sortait ce soir dans le XIe arrondissement de Paris, devenu le Paris des bobos insouciants, avec leur grosse écharpe en colimaçon et leurs lunettes carrées. En ce milieu du mois de novembre, étonnement doux, on pouvait encore s'attabler dehors rue de Charonne, boulevard Voltaire, rue de la Fontaine au Roi et encore rue Alibert, plus haut, dans le Xe. Les cafés bourdonnaient: le Carillon, la Bonne bière, le petit Cambodge, les rues étaient peuplées, le Bataclan plein pour un concert dépassé, vieillot: du hard-rock, ce truc, ça remonte à quand? Le bobo aime le vintage, la récup' chique, le mélange des époques. Il ne vit pas une époque mais toutes les époques.

D'ailleurs beaucoup parmi eux n'ont toujours pas saisi qu'on a radicalement changé d'époque: la paix, c'est fini. La prospérité européenne n'a jamais été générale; un tout petit quart-monde, les bobos parisiens justement qui exultaient dans les anciens quartiers d'artisans, en profitaient. Dans cette douce soirée du 13 novembre, on les voyait moins mais des clochards jonchaient aussi les rues, beaucoup plus que dans les années 80, par exemple. Le Président techno non plus ne saisit pas, lui qui a peut-être fait l'objet de l'attentat du stade de France; les trois terroristes morts voulaient probablement sauter devant ses yeux, dans le stade. Le Président techno comme on disait de Chirac est largué: il parle un mauvais français à force de ne rien exprimer de particulier, de répéter des formules à la Chirac sur les idéaux morts de la gauche: la relance de la croissance, le vivre-ensemble, l'immigration chance pour la France.

Nous sommes en guerre depuis que l'Etat islamique existe mais le Président pense que ça date d'hier. Depuis hier seulement, nos frontières ont été rétablies avec des contrôles. On se demande avec quels policiers d'ailleurs vu qu'on n'en a même pas assez pour contenir des manifestations de rue, interdites depuis. On se demande à quoi ça va servir: les terroristes, apprentis terroristes, djihadistes en herbe sont partout dans le pays. Ils ont eu le temps et le loisir de s'entraîner en Syrie, en Irak, en Afghanistan, à peu près comme ils le voulaient, comme Mohammed Merah. Dernièrement, on ne leur a même pas barré la porte des fameuses migrations est-européennes que la gauche a tant désirées au nom des droits de l'Homme: deux des terroristes ont fait partie de ces vagues migratoires. On en attend d'autres, bien sûr.

Le gouvernement est totalement responsable de la situation: il n'a pas prévu les vagues migratoires qu'il n'a pas cherché à contrôler et il n'a jamais voulu remettre en cause la vieille politique migratoire folle sans contrôle, elle aussi, qui produit des terroristes "français" à la chaîne. Le misérable Alain Juppé, censé représenter la droite, dit que "malheureusement, Shengen a fait faillite." Malheureusement, on ne peut plus faire comme avant et laisser le terrorisme aller et venir, grandir même dans notre pays! C'est malheureux, ça! Et ce type est bien placé dans les sondages, plus consensuel que N. Sarkozy! On attend encore une fois des révélations bien banales: des "Français" appelés Mohammed nés et grandis en banlieue parisienne, passés maintes et maintes fois entre les mains des policiers, et chaque fois relâchés par le juge, ayant bénéficié en outre de pas mal d'aides officielles et de coups de pouce. Rien de nouveau sauf pour ces inconscients, ces double-natures incapables que les Français ont voulu jusqu'au bout comme dirigeants. J'ai la fâcheuse impression que ces attentats ne sont pas survenus; ils ne sont pas vraiment réels tellement ils ont déjà été pensés. Echec de la prévision sur toute la ligne pour la politique étrangère de la France depuis 2007, qui n'a aucune base traditionnelle. Ces attentats plus meurtriers que d'autres, étaient prévisibles; on ne combat pas des terroristes de l'intérieur avec des mots doux, des bougies à la fenêtre, des manifs qui font chaud au coeur. La mentalité de bobo est chimérique.

Les bobos sont restés des Français passifs et plaintifs comme au bon vieux temps; la France ne change pas. Parmi les 129 victimes du massacre, pas un n'était armé, pas un seul. Pas un seul vigile armé au Bataclan, pas un seul policier en patrouille dans les rues. Les Français attendent tout des institutions, même les soutiens de l'hyperclasse qui pourtant sont à l'origine des coupes budgétaires, à l'origine de l'amenuisement de l'Etat. "L'Etat ne peut pas tout": c'est Lionel Jospin.

Scène de guerre à Paris: le résultat de quarante ans de "chienlit".