jeudi 19 mars 2015

Découvertes archéologiques à la pelle





Incroyable! Est-ce à cause de ce printemps en avance, si agréable? Ce mois de mars a déjà été riche en découvertes archéologiques, de Paris jusqu'au fond du Pacifique, en passant par l'Egypte. Décidément gâtés par les dieux, nous aurons également une éclipse solaire vendredi matin.

Est-ce banal? Y'a t-il autant de découvertes à l'approche de chaque printemps? Je n'en sais rien, n'étant pas versé dans la chose. Ce moment exceptionnel de l'humanité (?) correspond aussi aux destructions archéologiques perpétrées par les fanatiques islamistes en Irak; mais dans nos vies mêmes, nous perdons des choses précieuses sans y faire attention et ne pouvons tout garder, du reste. Nous y pensons amèrement après les avoir volontairement détruites. La vie a un besoin de se renouveler par la destruction; c'est un vieux mythe et une réalité.

L'archéologie consiste a révéler certains de ces cadavres. Et trois sont français! A Lavau, près de Troyes, l'archéologie préventive a mis à jour une sépulture princière qui remonte au VIe siècle avant J.C.: âge du fer et civilisation celte de Hallstatt, caractérisée par le tumulus. L'information a circulé au début du mois. Dans un quartier résidentiel, les archéologues ont découvert un tumulus en effet, "plus gros que la cathédrale de Troyes", dit le directeur des fouilles. Le prince était accompagné de la panoplie habituelle due à son rang: char à deux roues, chaudron en bronze, vases, objets d'Italie: grecs, étrusques; pièces périssables également (tissus, bois) qui permettront d'affiner la datation. Le chaudron, maousse, possède plusieurs anneaux d'attache décorés chacun d'une petite tête barbue, cornue et aux oreilles pointues. A Vix, en Côte-d'Or, non loin, on avait découvert en 1953 également une tombe princière: l'énorme chaudron à libations d'importation (appelé cratère), richement décoré est exposé au musée de Châtillon-sur-Seine qui vaut le détour, comme dit le guide Michelin.

Au large de Hyères, dans le Midi, un navire marchand qui transportait essentiellement des amphores a été fouillé par une association, supervisée par la préfecture maritime et peut-être l'antique Artémis. Ce navire du premier siècle avant notre ère repose par 45 mètres de fond et voguait au large du bastion d'Olbia, cité lige de Massalia bâtie sur la presqu'île de Giens. La découverte remonte en fait à 2010 et on nous dit que "le mobilier" a été remonté en 2012 (Var-matin, 11 mars). De toute évidence cherche t-on les conditions les plus discrètes de fouilles avant de contacter la presse: les voleurs de trésors antiques existent toujours. Récemment, les recherches se sont donc portées sur une portion de coque "afin d'en apprendre plus sur les techniques de construction".

Enfin, à Paris, boulevard Sébastopol (IIe), un hôpital médiéval nommé la Trinité a laissé des sépultures communes en son cimetière, retrouvées dans les sous-sols d'un supermarché. Tant mieux, je pensais qu'il n'y avait plus de supermarché dans les centres des villes! On sait: c'est sûrement un Monoprix super cher. Trêve de balivernes. Les corps sont bien rangés, tête-bêche et même les uns sur les autres: l'espace était cher à Paris déjà! Sans doute une crise de mortalité aigüe est-elle à l'origine de ces tombes; mais les squelettes, eux, n'ont pas encore été datés.

Louqsor, en Egypte fait régulièrement parler de lui. L'Egypte est comme un mirage: chaque découverte fait frissonner alors qu'elle n'est généralement pas bien originale par rapport aux précédentes. Les Grecs vantaient la stabilité immémoriale des Egyptiens: dans l'art, les formes se répètent d'un siècle à l'autre. Le ministère égyptien des Antiquités, qui contrôle à juste titre toutes les fouilles, dans un pays qui a été largement pillé, a annoncé la découverte, le 10 mars, par une équipe américaine, d'une nouvelle tombe pharaonique, datant du nouvel Empire (1550-1070 av. J.C.). Les parois du caveau sont peints de scènes quotidiennes, comme la chasse et de rites de célébration comme c'était la coutume. Le site pharaon-magazine.fr (faut le faire!) précise qu'il s'agit de la tombe d'un fonctionnaire d'Amon, un prêtre. Amon est à l'origine de la vie, il pouvait donc aisément la reprendre. La moisson archéologique en Egypte a été excellente l'année dernière (momie et son sarcophage de 1600 ans av. J.C.).

La France, où l'on plante désormais officiellement des godemichés géants sur les places anciennes n'est pas prête à recevoir un nouvel obélisque.

A suivre...

Le petit dieu cornu du chaudron de Lavau - Tombe du prêtre d'Amon de la XVIIIe dynastie, Louqsor - Art officiel français, style Hollande

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